1/2
Retour au Nexus précédent
Dossier Japon n°1
Yakuza

     Officiellement, les jeux d'argent sont interdits au Japon, mais les professionnels du Pachinko savent toujours trouver la porte dérobée d'une discrète boutique située à proximité où, en échange de leurs gains, on leur remet la somme en yens. La plupart des salles appartiennent à des japonais d'origine coréenne qui entretiennent souvent des relations étroites avec les Yakuza. Mais le terme "Yakuza" vous semble familier, n'est-ce pas ? Sans doute en avez vous entre-aperçus dans des films policiers de Hong Kong, ou bien dans des Dessins Animés de "City Hunter" (Nicky Larson en France). Et ils y avaient tous le mauvais rôle. Le mot japonais "Yakuza":                  ne signifie-t-il pas littéralement "gars du milieu", "vaurien" ? Le terme de Yakuza, quant à lui, est tiré du vocabulaire d' un jeu de dés, signifiant "8, 9, 3", et désignant la combinaison perdante. Par extension, elle désigne une personne en marge de la société.

(c) Crying Freeman / Ikegami & Koike

     Yamaguchi-gumi, principal syndicat du crime nippon, fondé par le marchand de main d'oeuvre (littéralement esclavagiste, puisqu'il faisait venir des travailleurs clandestins asiatiques travaillant pour des salaires de misère) Yamaguchi Harakuchi (qui lui donna son nom) en 1915 dans le port de Kobe, il règne sur la moitié sud de l'archipel et exerce une certaine influence jusque dans l'île d'Hokkaido. Ayant un losange pour emblème, son quartier général est installé dans un bâtiment en brique situé à quelques mètres... du tribunal de Kobe. Il réalise un chiffre d'affaire annuel évalué, à la fin des années 80, à plus de 20 milliards de francs.

(c) Crying Freeman / Ikegami & Koike

     Le Yamaguchi-gumi s'est développé après la guerre sous la poigne de Taoka Kazuo, son président pendant plus de 35 ans. Ce "Shoggun du Milieu" a transformé cette bande de Yakuza en une organisation aussi performante et puissante que n'importe quel groupe industriel ou n'importe quelle société commerciale de l'Empire. Les ambitions du Yamaguchi-gumi et de Taoka ont été brisées lorsque ce parrain est mort, trois ans après avoir reçu une balle lors d'une embuscade tendue par le gang Matsuda. Plus d'un millier de gangsters et de personnalités assistèrent à ses obsèques. Son décès déclencha une guerre des gangs et une lutte pour la succession qui portèrent un coup sévère à l'organisation. La veuve de Taoka ne parvint pas à lui trouver un remplaçant qui fasse l'unanimité et la "Guerre d'Osaka" fit en quelques années près d'une trentaine de morts. Une des victimes fut Takenaka Masahisa, le successeur de Taoka. Takenaka avait évincé son rival plus âgé Yamamoto Hiroshi. Yamamoto qui se disait soucieux de maintenir la tradition chevaleresque des Yakuza face à l'affairisme sans scrupule de Takenaka, avait alors créé une bande rivale baptisée Ichiwakai en entraînant avec lui plusieurs milliers de fidèles. Ce sont ses hommes de mains qui abattirent Takenaka en janvier 85. En avril 89, le Yamaguchi-gumi a porté à sa tête Watanabe Yoshinori, jeune parrain de 48 ans qui ressemble plus à un P.D.G. préoccupé d'efficacité qu'au portrait traditionnel du Yakuza présenté dans les romans populaires. La même année, l'organisation avait presque doublé le nombre de ses membres (en le portant à environ 20 000) avec la dissolution en mars de la faction dissidente Ichiwakai.

     Les "familles" les plus importantes sont: Yamaguchi-gumiKobe), Matsuda-gumiOsaka), Sumiyuchi-gumiTokyo), InagawakaiTokyo). Nous allons donc nous pencher sur la première de ces familles du Milieu qui ont marqué les esprits au Japon, sur bien des points.

Une jeune veuve qui a l'air de savoir ce qu'elle veut !
Un interrogatoire plutôt musclé.
Mail Box

     Le mot mafia est à l'origine un acronyme d'origine italienne signifiant "Morte Alla Francia Italia Anella" soit "Mort aux français est le cri de l'Italie". Et faisait référence à la lutte de fractions d'italiens combattant la présence de l'Armée Impériale de Napoléon 1er . La mafia japonaise, elle, fait remonter ses origines au XVIIIe siècle et s'est organisée à la fin du siècle dernier en profitant de l'idéologie ultra-nationaliste de l'époque. Sous la pression de la nouvelle génération et d'hommes avides de profits immédiats et importants, elle évolue vers la criminalité économique. Du coup, elle tourne progressivement le dos à certaines de ses traditions (héritées du Code de l'Honneur des Samouraï) qui ont fait son originalité et lui ont assuré un certain respect (à défaut de sympathie) de la part de l'opinion publique. Le Japon compte près de 100000 Yakuza répartis en 2500 gangs. Au début des années 60, il y en avait près de 180000, répartis en 5000 gangs.

 

Historique:
Yamaguchi-gumi
Le Milieu:
Taoka Kazuo

     (1913-1981) Il fut de 1946 à 1981 le patron du Yamaguchi-gumi, surnommé "L'ours" en raison de sa brutalité, il fit preuve d'excellente qualités d'organisation, de gestion et de relations publiques dans cette bande où il était entré à 14 ans. 24 ans: son premier fait d'armes, l'assasinat au sabre d'un Yakuza d'une bande rivale. Parrain longtemps incontesté du Milieu, il fut blessé au cou lors d'une tentative d'assassinat en juillet 78. Il s'en rétablit provisoirement, jusqu'à sa mort dans son lit, à 68 ans. Du coeur !!!

Page 2/2