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Dossier Japon n°2
Origine de l'écriture japonaise

Bref Historique

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1- Les Syllabaires Japonais

      Les caractères chinois, connus au Japon par les textes parvenus via la Corée à partir du IVème Siècle, ont été adoptés pour traduire la langue japonaise, qui ne possédait pas en propre de système d'écriture. Ils furent à ce titre utilisés phonétiquement, les sons de la langue japonaise étant transcrits par des caractères dont la prononciation chinoise semblait voisine; le sens des caractères n'étaient pas pris en considération. En chinois, le caractère étant monosyllabique, la transcription des mots multisyllabiques japonais impliquait l'emploi de plusieurs caractères, chacun comportant parfois un grand nombre de traits.

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      Pour simplifier cette écriture phonétique, le style angulaire Kaisho du tracé fit place au style semi-cursif Gyösho puis au style cursif simplifiée Sösho, proche de la sténographie, résultat d'une simplification extrême régie par des critères esthétiques.

Style Kaisho: (                      ) style carré:             (norme enseignée en primaire, quasiment identique aux caractères imprimés).

Style Gyösho: (                        ) style semi-cursif:

Style Sösho: (                   ) style cursif:                                                             Ce dernier style, délié, aux élégantes lignes courbes, s'affirmait particulièrement dans les textes à vocation littéraire.

      A la fin de l'époque de Nara (710-794) et pendant celle de Heian (794-1185), la simplification continua et donna naissance à un ensemble de symboles couvrant toute la phonologie de la langue japonaise. Un système purement phonétique d'écriture était né.

HIRAGANA

      Les symboles aujourd'hui connus sous l'appellation "hiragana" étaient alors dénommés onna-de ("écriture de femme") car ils furent d'abord utilisés dans leur correspondance et leurs écrits littéraires par les femmes de l'époque de Heian, peu versées dans les études chinoises quasi-réservées avec l'usage des caractères chinois, aux hommes.

Les hiragana devaient cependant s'imposer par la suite comme la norme.

KATAKANA

      Les katakana sont apparus peu de temps après les hiragana. Lors de réunions d'étude sur les classiques du Boudhisme, les auditeurs notaient en marge des textes expliqués la prononciation ou le sens des caractères peu familiers, et parfois les commentaires. Cette pratique devait donner naissance à un second système de transcription phonétique dérivé des caractères chinois. Les katakana ne sont pas nés d'une simplification du caractère dans son entier, mais dérivés d'une partie du caractère, tracée en style angulaire. Le syllabaire des katakana étant associé au domaine des sciences et de l'étude, il fut longtemps utilisé exclusivement par les hommes.

      C'est pour cela qu'elle sera destinée principalement à transcrire en japonais les mots étrangers (et d'après notre expérience de la traduction: 92% de mots anglais, 6% de mots français et allemands et 2% d'autres langues).

2- Les Kanji

      Chaque syllabaire de kana permet de transcrire la totalité des phonèmes de la langue japonaise, de sorte qu'il est possible d'écrire exclusivement en kana. En pratique cependant, l'emploi des seuls kana n'assure pas l'intégrité des communications en raison du grand nombre de mots de prononciation identique mais revêtant des sens différents (homophones), qui ne se différencient que par l'usage des caractères. Cette observation vaut également pour les textes japonais transcrits en alphabet latin (Römaji), qui ne présente pas de problème particulier si ce n'est l'ambiguïté due aux homophones. C'est pour cette raison que va perdurer encore longtemps cette écriture japonaise appelée Kanji et qui désigne les idéogrammes d'origine chinoise (signes graphiques ayant chacun un sens).

Bref Historique

      Les plus anciens caractères chinois connus datent du XVIème siècle avant notre ère; leur nombre et leurs formes témoignent cependant déjà d'une longue évolution. Tout comme les hiéroglyphes égyptiens, les premiers caractères furent de simples illustrations, qui gagnèrent par la suite en abstraction, sous des formes adaptées aux outils d'écriture.

Prenons comme exemple le mot "Mère" vu précédemment, et regardons son évolution. Nous voyons ici très bien sa simplification pour arriver au kanji actuel. La mère est représentée avec les attributs de la maternité: des seins découverts prêts à donner la tétée.

Ex:

      Comme nous l'avons vu tout à l'heure, la langue japonaise ne possédant pas de système d'écriture, les caractères chinois en vinrent (via la péninsule coréenne au IVème siècle) à servir pour sa transcription. Ainsi lescaractères chinois monosyllabiques, furent d'abord utilisés purement phonétiquement, sans rapport avec leur sens, pour noter les sons des mots japonais.

ku-ni             Pays

      Cette méthode impliquait qu'un même mot indigène de plusieurs syllabes fût transcrit par plusieurs caractères chinois (même si ces derniers comportaient de nombreux traits). Un second procédé fut bientôt combiné au premier: les caractères furent utilisés pour leur sens, sans rapport avec la prononciation d'origine, comme équivalent des termes indigènes de même signification ou de signification proche:

Suite

      Ces deux procédés sont utilisés conjointement dans le Man'yöshü, la plus ancienne anthologie de poésie japonaise (VIIème siècle). Le vocabulaire conceptuel y est noté avec les caractères correspondants chinois, qui reçoivent une prononciation proprement japonaise. Tous les autres mots, y compris les noms propres et les suffixes, sont transcrits en caractères (kanji) à valeur phonétique, dont la lecture dérive de la pronociation chinoise. Les caractères utilisés pour leur valeur phonétique sont appelés Man'yögana; ils ont donné naissance, comme je l'ai dit, aux syllabaires (kana). Pendant des siècles, les kanji, les hiragana et les katakana ont été utilisés indépendamment; le nombre des caractères et des lectures en usage n'a cessé d'augmenter, jusqu'aux grandes réformes (de la fin du XIXème siècle jusqu'à la plus récente qui date de 1946), jusqu'à ce que l'on en fixe le nombre à 1945 caractères officiels.

   kuni                Pays